Pourriez-vous nous décrire la mission de l’IEESSE auprès des acteurs de la sécurité ?
Pour définir IEESSE, commençons par dire qu’il s’agit d’une association déclarée sous le statut de la Loi de 1901, donc une association sans but lucratif. Elle a été créée en 2019 et nous en célèbrerons d’ailleurs les 5 ans le 12 juin prochain. Elle est née de la volonté d’un homme, son président Pierre GRARD qui avait acquis une double expérience, professionnelle d’abord dans le milieu de la Sûreté-Sécurité, mais aussi dans le développement de structures de réflexion et promotion de ce secteur en pleine évolution.
Sa volonté était de créer un nouvel espace de réflexion, d’élaboration et de transmission pour la profession. IEESSE souhaite pouvoir fédérer toutes les femmes et les hommes, directeurs, responsables, chefs de service, chargés de mission, officiers de sécurité, en charge de la sûreté-sécurité d’entreprises publiques ou privées. Sa forme associative, qui offre un espace de liberté (ne faut-il pas un mot de liaison entre ces deux phrases ? ou deux points) permet à IEESSE d’apporter à la profession ce lieu d’études entre professionnels, pour devenir une force de propositions. Tous les membres de IEESSE se répartissent par pôle d’expertise métier ou secteur d’activités, autour d’experts en charge de l’animation, pour réfléchir, élaborer, proposer, innover sur des thèmes choisis en communs.
C’est donc avant tout la volonté de professionnels, femmes et hommes plongés quotidiennement dans les problématiques de sûreté et de sécurité pour que l’activité économique indispensable à la vie d’une société moderne puisse s’accomplir sereinement. L’objet étant de garantir la sécurité au travail et la sûreté de l’activité pour qu’elle perdure, y compris en faisant face aux petites crises du quotidien ou parfois à des crises majeures.
Comment s’organise l’exercice de votre « volonté commune de réfléchir et d’agir ensemble pour défendre les intérêts de la profession » ?
Comme l’État prépare et met en œuvre des plans, ORSEC, pandémie, crue centennale, VIGIPIRATE, les entreprises déjà impliquées dans le déroulement de ces plans nationaux ou locaux doivent aussi se préparer de manière autonome aux plans qu’elles auront préparés et se tenir prêtent à les mettre en œuvre pour garantir une continuité d’activité indispensable à l’économie de l’entreprise. L’enjeu étant de préserver la sécurité physique des personnes et des biens de l’entreprise pour que les emplois et la production soient maintenus. Pour cela, une femme ou un homme se retrouve en charge, en qualité de directeur sûreté-sécurité, de garantir la continuité d’activité.
Les parcours sont variables, promotion interne de l’entreprise, ancien professionnel du secteur régalien ou encore personne intéressée par ce secteur sans formation particulière adaptée. Notons que si les filières de formation se démultiplient, ce qui dénote un intérêt croissant, il n’y a pas de diplôme requis pour être directeur sûreté, il est souvent demandé une qualification de SSIAP 3 pour un directeur sécurité. IEESSE offre un espace de travail collaboratif dont l’objet est notamment la publication de guides pratiques – https://ieesse.org/travaux/ – mis à disposition de tous librement. Par ailleurs IEESSE travaille à la rédaction d’un glossaire professionnel pour faciliter la cohérence des actions en utilisant des termes au sens bien définis qu’ils renvoient vers des normes ou une sémantique technique. Ce travail est le résultat de groupes de travail constitués sur la base du volontariat et des centres d’intérêt de nos différents membres.
IEESSE est donc bien une association de professionnels travaillant au développement et à la plus grande reconnaissance d’un secteur déterminant pour l’activité des entreprises quelles qu’elles soient, en partenariat constructif avec l’Etat au titre notamment du continuum de sécurité.
Enfin la transmission est dans l’ADN de IEESSE. Il est ainsi créé « IEESSE Académie » pour les étudiants en préparant l’avenir par l’accompagnement bienveillant de nos jeunes déterminés à investir le vaste champ d’application de la sûreté-sécurité.
En sûreté, on dit souvent que les menaces s’additionnent, elles ne se substituent pas les unes aux autres, ainsi l’action malveillante, terroriste, sociale ou d’ingérence (espionnage industriel, guerre économique…) peut prendre des formes distinctes, physiques ou numériques. La menace cyber couvre des champs transverses.
La sécurité décline des menaces plus stables, mais dont les moyens de prévention et protection évoluent et s’interconnectent de plus en plus avec la sûreté. L’ensemble se rejoint au titre de la continuité d’activité qui constitue un pan entier du domaine de la sûreté- sécurité.
On le voit donc, ce secteur évolue et dans le cadre de IEESSE, nous souhaitons participer à cet effort de co-construction de la sûreté-sécurité de demain avec toutes celles et tous ceux qui cherchent un espace d’expression constructif.
Vous venez de changer de présidence, quels sont les axes de travail de l’IEESSE pour les mois qui viennent ?
Alors pour garder un souffle à l’action, après cinq années d’un engagement fort de notre président, Pierre GRARD a souhaité prendre un peu de recul, tout en restant actif au sein de notre Institut. C’est donc dans le même état d’esprit, d’engagement au service de la profession que le conseil d’administration a souhaité faire évoluer IEESSE en officialisant une co-présidence qui correspond à l’esprit collégial de IEESSE, en désignant deux de ses membres fondateurs : une femme, Pascale BEAUTHIER (professionnelle du droit à l’engagement personnel dans des actions civilo-militaires et réserviste du ministère de l’Intérieur) et un homme, Franck ZAÏDA (expert en sûreté qui a passé plus de 35 ans au service de l’État que ce soit dans nos armées, au sein du ministère de l’Intérieur ou en détachement à la Direction de la Sécurité Diplomatiques aux Affaires étrangères).
Ce binôme entend poursuivre l’action amorcée, animée par les valeurs qui les rassemblent pour donner une meilleure reconnaissance à la profession, créer des relations pratiques et opérationnelles avec les structures régaliennes et les représentants de l’État pour structurer encore la profession et la rendre attrayante pour les jeunes, qui cherchent à s’investir dans la sûreté-sécurité de nos entreprises, poumons de notre économie nationale.
Qu’elle est votre réflexion et votre action sur le thème de la sécurité en Europe ?
C’est en lien avec cette jeunesse et avec le tissu existant des entreprises mécènes et partenaires de IEESSE que la dimension européenne sera optimisée. Les menaces à l’intérieur de l’espace européen sont identiques, les cadres juridiques tendent vers une harmonisation (RGPD, NIS 2), les réflexions portées par le rapport des députés Alice THOUROT et Jean-Michel FAUVERGUE, « D’un continuum de sécurité vers une sécurité globale » interrogeait déjà d’autres modèles européens. Les problématiques des entreprises françaises en matière de sûreté-sécurité sont identiques à celles des entreprises des pays membres de l’UE. À IEESSE, nous allons reproduire ces enquêtes à l’échelle des entreprises du secteur pour rapporter une réalité de terrain susceptible de contribuer à renforcer encore une Europe qui, pour faire face aux problématiques internationales, doit d’abord développer un cadre harmonieux propice au développement économique.
Parce que IEESSE est plus qu’un Think-Tank, c’est un Do-tank, pour transformer les idées en actions : IEESSE we do !