Pour retisser le lien abimé entre la police et la population, certains proposent un autre modèle de police : la police de proximité. La police de proximité est ce qu’on appelle une « doctrine d’emploi » visant à renforcer la relation entre la police et les citoyens en mettant l’accent sur la prévention, la présence locale, et la résolution des problèmes communautaires.
Supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy
Ce modèle, inspiré des pratiques anglo-saxonnes, a été mis en place pour la première fois en France en 1998 sous le gouvernement de Lionel Jospin, par son ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement. Cette police, qui avait vocation à s’insérer dans le maillage social du territoire et de favoriser la prévention à la répression, a été supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy. « La police n’est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter des délinquants, vous n’êtes pas des travailleurs sociaux », avait lancé aux policiers nationaux de la ville de Toulouse, le ministre de l’Intérieur de l’époque.
Les études sur les expériences passées sur la police de proximité ont certes démontré des résultats mitigés. Cependant, vingt ans après sa suppression, force est de constater qu’un modèle où la police est uniquement dédiée au maintien de l’ordre montre également des limites. La notion de police de proximité revient donc régulièrement dans les débats sur la sécurité publique.
Une réflexion à mener en profondeur
Face à le montée en puissance des trafics de drogue dans les quartiers, le nouveau président du Syndicat des commissaires de la police nationale, Frédéric Lauze, plaide ainsi, dans un entretien au Monde, pour une nouvelle « philosophie d’action », « en reprenant contact avec la population ». Il s’agit de privilégier un « travail en profondeur, qui demande de la technicité et de la discrétion pour démanteler les réseaux » tout en « patrouillant à pied pour établir une relation de confiance, avec des policiers fidélisés sur un territoire sectorisé, qui connaissent les habitants et en sont connus ». Pour lui, ce n’est pas seulement une question de moyens, mais bien une réflexion à mener en profondeur.
Lire aussi sur L’Essor de la Sécurité : Accords et désaccords au Beauvau des polices municipales
Or, cette réflexion est aujourd’hui principalement menée par les municipalités, de plus en plus nombreuses à se doter d’une police municipale afin de renforcer la proximité géographique et sociale entre les forces de sécurité et les habitants. Ainsi, là où elles sont implantées, les polices municipales concourent indiscutablement à la police de proximité. Encore faut-il qu’il existe un partenariat renforcé avec la police nationale – et la gendarmerie dans les zones rurales – pour que les forces de sécurité puissent actionner judicieusement les deux leviers, « répressifs » et « préventifs », de leurs missions.