Ingérence étrangère : la Russie a-t-elle joué un rôle pour l’élection de Donald Trump ?

26 novembre 2024 | Intelligence Économique

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Ingérence étrangère : la Russie a-t-elle joué un rôle pour l’élection de Donald Trump ?

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Les renseignements américains ont mis en évidence plusieurs tentatives d’ingérences extérieures durant l’élection présidentielle du 5 novembre 2024. Certaines seraient l’œuvre du Kremlin. Explications…

Sans surprise, Moscou s’est également invité dans le scrutin de l’élection présidentielle américaine le 5 novembre 2024. D’ailleurs, à la veille du vote, le FBI mettait en garde face à une « menace » d’une opération d’ingérence tout droit venue du Kremlin.

Dès le début de la campagne électronique, les prémices d’une manœuvre russe sont apparues. L’objectif était de fragiliser le camp démocrate. Par exemple, une vidéo expliquait, le 3 septembre dernier, que Kamala Harris avait renversé une adolescente lors d’un accident de la route en 2011. La candidate aurait alors pris la fuite. Avant d’être supprimée, cette vidéo avait été vue plus de 5,3 millions de fois sur X (ex Twitter). Cette rumeur était devenue virale aux États-Unis. Cette fausse information, créée de toutes pièces, aurait été diffusée par un réseau de désinformation pro-Kremlin. Son colistier, Tim Walz, était, de son côté, accusé d’avoir agressé sexuellement un homme.

À chaque fois, les auteurs de ces fausses informations ont un lien établi avec la Russie. Dans le premier exemple ciblant Kamala Harris, le site à l’origine de cette fake news a été enregistré au nom de John Mark Dougan. Cet ancien policier de Floride est installé à Moscou, ville où il a pris la direction d’un vaste réseau de désinformation pro-russe. Selon le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI), l’agence chargée de superviser l’ensemble du renseignement américain, la rumeur au sujet de Tim Walz fait partie « des efforts et des tactiques d’influence des acteurs russes ».

Dans un second temps, une autre ambition se dégage. Il s’agit de remettre en question la fiabilité du scrutin. Par exemple, une vidéo montrait un homme en train de déchirer des bulletins de vote par correspondance en faveur de Donald Trump. Démentie moins de quatre heures plus tard par les autorités du comté de Bucks, en Pennsylvanie, cette séquence a été « fabriquée et amplifiée » par un réseau pro-russe, selon un communiqué du renseignement américain. « La Russie est déjà en train de changer son objectif, passant d’une tentative d’influencer le résultat de l’élection à une tentative de saper la confiance des Américains dans les résultats », expliquait Bret Schafer, chercheur spécialisé en lutte contre la désinformation et la sécurité des processus électoraux.

Des dizaines de comptes associés à « Storm-1516 » se sont ensuite chargés d’amplifier ces contenus fabriqués. Pour rappel, ce réseau est une usine à trolls russes qui avait déjà été épinglée en 2016 lors de la première élection de Donald Trump selon une enquête menée par des chercheurs du Media Forensics Hub de l’université de Clemson.

Lire aussi : Zoom sur l’ingérence russe dans la campagne de Donald Trump

Fausses informations en masse la veille du scrutin

D’après l’évaluation du rapport arrêtée le 30 octobre, 54 fausses informations distinctes avaient été diffusées par ce groupe, dont dix visant le scrutin. À mesure que le vote approchait, cette activité a enflé. Avant d’exploser la veille du scrutin avec une vingtaine de vidéos trompeuses visant la présidentielle américaine.

Comme pour les fausses alertes à la bombe, aucune opération venue de Russie n’aurait réussi à attirer l’attention du public américain. Sur les réseaux sociaux, ces vidéos ont rapidement été noyées sous les invectives et fake-news produites directement par la sphère MAGA (Make America Great Again). Propulsées par Elon Musk, qui a mis son réseau social X au service de Trump, certaines ont néanmoins été vues des millions de fois. Une stratégie bien plus efficace que celles venues de Russie.

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