Durant de nombreuses années, la notion de sécurité a été associée à de la survie et à la présence d’une menace existentielle pour l’Etat nation. En effet, le pays craignait un risque sur son territoire et était obsédé par la crainte qu’une armée étrangère ne l’envahisse. Il faudra attendre les années 1980 et les travaux du théoricien Barry Buzan pour que la notion de sécurité sorte du champ restrictif de la sécurité nationale pour s’appliquer à d’autres domaines.
Pour Sébastien Roché, directeur de recherche au CNRS, la définition que l’on associe à la sécurité dépend de l’endroit où on se trouve. « On ne peut pas parler de « culture » de la sécurité en supposant que cela a un sens universel, même si cette expression est employée dans l’entreprise, car la problématique de la sécurité ne peut être appréhendée qu’avec la prise en compte du contexte dans lequel elle se développe ».
Au départ, le fondement de la recherche de la sécurité était biologique. La sécurité se mesurait alors uniquement à la capacité à rester en vie. Puis, les démocraties occidentales ont offert une dimension psychologique à la sécurité. Cette notion a, par la suite, évolué au fil des siècles.
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L’instauration de la sécurité en entreprise
Désormais, la sécurité concerne aussi les entreprises, avec une obsession pour la maîtrise des risques. En effet, depuis le décollage de la navette américaine Challenger ou encore l’accident dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, en 1986, la sécurité en entreprise est un enjeu essentiel. Ces deux drames avaient pour cause une succession de dysfonctionnements, et non des comportements individuels déviants. Résultat : les entreprises n’ont de cesse d’obtenir des employés qu’ils travaillent et partagent une même manière de penser et d’agir dans leurs locaux. « L’enjeu est de maîtriser les risques les plus importants liés à l’activité de l’organisation, c’est-à-dire les accidents majeurs et les accidents mortels, qui menacent le plus la survie de l’organisation dans son ensemble », observe l’Institut pour une culture de sécurité industrielle (ICSI).
Souvent, les défaillances organisationnelles tiennent un rôle « beaucoup plus grand » dans les accidents graves que dans les accidents mineurs. C’est la preuve que la sécurité est aussi une notion multiforme et pas seulement multiculturelle.
