La France est confrontée à une intensification préoccupante des menaces d’espionnage et d’ingérences étrangères, selon la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense (DRSD). Ce service, chargé de la contre-ingérence militaire et de la protection des informations sensibles, a observé en 2024 une augmentation significative des incidents : les attaques physiques, telles que les vols et intrusions sur des sites sensibles, ont augmenté de 50 %, tandis que les cyberattaques ont connu une hausse de 60 %.
Une traçabilité difficile
« La menace est élevée et tend à s’accroître dans plusieurs secteurs clés », avertit ainsi le général Philippe Susnjara, commandant de la DRSD, dans un entretien accordé à France Info. Les survols de drones, les tentatives d’intrusion et les comportements suspects aux abords de sites stratégiques se multiplient, nourrissant une inquiétude croissante au sein des services de sécurité. De plus, l’identification des auteurs de ces attaques demeure un véritable casse-tête pour les autorités françaises. Si la Russie et la Chine sont régulièrement pointées du doigt, d’autres États pourraient tout aussi bien être à la manœuvre et impliqués dans des opérations d’espionnage industriel.
Des secteurs stratégiques dans le viseur
Les domaines les plus ciblés ? L’aéronautique, le spatial, les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique, mais aussi les grands fonds marins, un secteur dans lequel la France conserve une avance technologique précieuse. Le général Susnjara évoque par exemple des comportements suspects repérés lors du dernier salon aéronaval, où certains visiteurs tentaient, en toute discrétion, de collecter des informations sensibles. Même isolés, ces petits renseignements, mis bout à bout, permettent aux espions d’établir un panorama précis des avancées technologiques françaises.
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L’année 2023 avait déjà donné le ton. La DRSD avait alors constaté une progression notable des atteintes « humaines » : vols d’ordinateurs portables, chantages ciblés, tentatives de débauchage particulièrement agressives. Autre technique en vogue : les faux entretiens d’embauche, organisés par des cabinets de conseil étrangers pour soutirer des informations à des cadres du secteur de la défense. Dans le même temps, les cyberattaques — majoritairement d’origine russophone — ont gagné en intensité, ciblant principalement l’aéronautique et le spatial.
