Les activités de protection et de cyberdéfense de l’armée française font l’objet d’une attention particulière depuis quelques années en raison de l’augmentation du risque cyber. Le ministère des Armées y alloue d’importantes ressources, notamment pour le recrutement et la formation.
La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 consacre 1,6 milliard d’euros à la cyberdéfense et prévoit près de 1100 recrutements affectés à ce domaine au sein des armées françaises. Cependant, la multiplication et de la gravité des cyberattaques poussent la grande muette à faire feu de tout bois, au-delà de ces objectifs initiaux.
Le Comcyber recrute à tour de bras…
Ainsi, le Comcyber (commandement de la cyberdéfense), chargé de la conception, de la planification et de la conduite des opérations militaires de cyberdéfense, annonce vouloir recruter 1000 personnes supplémentaires d’ici 2030, en plus des recrutements déjà prévus par la LPM 2019-2025. « Il y a plein de statuts différents pour nous rejoindre. On peut être officier sous contrat, officier commissionné pour une période de trois ans renouvelables une fois, sous-officier sous contrat ou commissionné et même tout simplement civil en CDD, CDI ou avec le statut de fonctionnaire », détaille dans Le parisien son commandant, le général de division Aymeric Bonnemaison.
Les missions proposées vont de la protection des systèmes d’information à la recherche de renseignements en passant par la lutte informationnelle, laquelle consiste à construire des narratifs, sur les réseaux sociaux en particulier, pour contrer les adversaires de la France. La diversité de ces activités explique celle des profils recherchés, « techniciens, analystes, hackeurs, experts, titulaires d’un BTS, d’un bachelor, d’un master, diplômés d’un IUT ou d’une école d’ingénieurs, mais aussi psychologues, linguistes et spécialistes du marketing digital »…
Pour rappel, le Comcyber, placé sous l’autorité du chef d’état-major des armées et de son ministère de tutelle, assure une coordination opérationnelle, permanente et interarmées de toutes les forces concernées par la cybersécurité nationale, à l’exclusion de celles de la DGSE et de la DRSD qui disposent d’une totale autonomie d’action.
Un partenariat entre l’armée et une école d’ingénieurs
Par ailleurs, un partenariat innovant vient d’être conclu entre le ministère des Armées et l’Epita (École pour l’informatique et les techniques avancées). Il prévoit qu’à partir de la rentrée 2024, une trentaine de jeunes formés dans cette école d’ingénieurs liée à l’Ecole polytechnique, verront leurs trois années de bachelor intégralement prises en charge par l’armée française.
En contrepartie, les futurs diplômés en informatique s’engageront à signer un contrat d’officier pour une durée de cinq ans. À l’issue de leur formation, ils travailleront donc pour la défense et contribueront notamment à la sécurité numérique de l’État. « C’est un métier mythique. Ils seront confrontés à des problèmes de contre-espionnage ou de secret industriel », explique Fabrice Bardèche, membre du conseil de surveillance de l’Epita, interrogé par le Figaro Etudiant.
Les candidats, qui peuvent postuler directement sur Parcoursup, seront sélectionnés sur la base de deux QCM (en mathématiques et en anglais) et d’un oral de motivation. Seule condition : qu’ils soient français et sans casier judiciaire.