Et comme, aujourd’hui, sur Terre il n’y a plus qu’une race l’homo sapiens, n’en déplaise à ceux qui aimeraient établir une hiérarchie entre les hommes au travers de la notion de race, je m’interroge pour savoir par quoi nous pourrions être grandement remplacé.
Le droit du sol et le droit du sang comme le rappelle Frédéric Rose-Dulcina ont toujours co-existé en France. Cette thématique n’est plus simplement un sujet de droit mais aujourd’hui un enjeu politique qui autorise tous les discours et toutes les prises de position.
On a bien compris que l’agitation autour de cette question a été exacerbée à Mayotte département qui est littéralement devenu un laboratoire des conséquences d’un afflux massif d’étrangers sur un territoire, mais aussi en France où la question de l’accueil ou non des étrangers est au cœur de la vie politique. La volonté affichée, mais n’est-ce pas que de l’affichage, du gouvernement de substituer au droit du sol le droit du sang pour Mayotte soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponse.
Il n’y a pas un « bon » droit du sol et un « mauvais » droit du sang, les deux approches ont leurs logiques et trouvent leurs fondements dans l’Histoire d’un pays, dans ses valeurs nationales et la vision qui est la sienne quant à sa place dans le monde. Les deux droits peuvent cohabiter comme cela est le cas en France, cette cohabitation peut être harmonieuse, Marie Sklodowska émigrant en France et devant sa naturalisation à son mariage avec Pierre Curie (droit du sol) et on connait tant la suite que sa descendance. Les exemples abondent, Sarkozy, Valls, Poniatowski, Dati, Hidalgo d’émigrés ou d’enfants d’émigrés qui ont parfaitement su s’intégrer, voire s’assimiler à la France, mais ils ne font pas pour autant une généralité.
Assimilation est peut-être le mot clef à la fois tabou et idéalisé qui ne revient pas suffisamment dans le débat.
Que cela soit par le sol ou par le sang le droit est là pour donner à l’émigré une possibilité d’assimilation à un espace national et culturel qui n’est pas le sien mais qui tend à l’être. Cette assimilation bien plus que l’intégration est une condition essentielle à la sécurité publique.
L’intégration est devenue au fil du temps une notion dénuée de sens autre que le fait de savoir si la personne est en situation régulière ou non et si ses actes ne relèvent pas du code pénal. L’Imam qui vient d’être expulsé pour des prêches excessives, il n’est pas le premier, était intégré dans sa communauté mais aucunement assimilé ni assimilable. Le droit du sol comme le droit du sang n’ont aucune signification pour lui comme pour tous ceux qui placent le droit religieux au-dessus de la norme.
L’assimilation devrait redevenir une politique publique fondée sur l’Histoire, la culture et le civisme. La volonté de réintroduire l’uniforme à l’école procède à cette assimilation, les questions qui se posent quant à un retour au service militaire obligatoire – aboli pour des raisons électoralistes – ne sont pas dénuées de sens. Il manque clairement aujourd’hui un entonnoir par lequel passerait toutes les générations successives et qui transmettrait des valeurs communes. L’école a du mal à remplir ce rôle et l’entrée dans la vie professionnelle amène plus d’individualisme que de collectivisme. Auparavant le service militaire avait ce rôle de sas entre deux périodes cruciales de la vie. On mesure en permanence, aujourd’hui, les conséquences de sa disparition. Ce n’est pas une victoire en coupe du Monde de football qui peut le remplacer.
Le B.A BA de la sécurité publique c’est le partage de mêmes valeurs et de la même « peur du gendarme ». Aujourd’hui on passe d’un espace de liberté, l’enseignement, à un espace où prime l’individualité avec pour seule passerelle temporelle la recherche d’un emploi ou l’année sabbatique pour les plus chanceux. L’école peine à dans son rôle et l’entreprise a sa logique distincte de celle d’un Etat. On fait de l’assimilation un repoussoir, comme s’il s’agissait de niveler par le bas les individus, alors qu’elle est un accélérateur de compétences et d’intégration. Dans son domaine est depuis plus de 190 ans la Légion Etrangère a parfaitement compris les vertus de l’assimilation qui font que des étrangers de toutes nationalités ou confessions partagent un même engagement et une devise commune Legio Patria Nostra qui résume parfaitement le but poursuivi. Il conviendrait peut-être de retrouver un moule qui ferait de Francia Patria Nostra une réalité.
Droit du sol et droit du sang se confondent bien, peut-être en conclusion rappeler la phrase de Dimitri Amilakvari (prince géorgien, colonel de la Légion Etrangère, Compagnon de la Libération, mort pendant la bataille de Bir Hakeim en 1942) « Nous étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle. »