L’IA bouleverse le monde des médias et du journalisme, comme elle le fait dans tant d’autres domaines.
C’est à double tranchant : d’un côté, l’IA offre aux journalistes de nouveaux outils puissants pour mener leurs enquêtes. De l’autre, elle permet à certains de créer des fake news toujours plus convaincantes et difficiles à détecter. Cette révolution technologique est à la fois une opportunité et un défi pour l’information d’aujourd’hui.
Responsable pédagogique à l’ESJ Lille, Damien Brunon démontre, dans Incyber News, les bienfaits de ce changement sur l’enseignement du journalisme. L’école supérieur de journalisme du nord a adopté « le journalisme assisté par ordinateur ». Il illustre cette transformation par cet exemple : l’analyse automatisée d’un fichier de plus de 15 000 candidats aux élections départementales. L’analyse automatisée a permis de remarquer qu’au « au sein des 119 candidats de plus de 90 ans, 80 % étaient Front National ». Cette information a déclenché une enquête de terrain qui a débouché sur une condamnation judiciaire pour « abus de faiblesse ». En effet, plusieurs candidats n’étaient pas au courant qu’ils figuraient sur cette liste. Ce cas de figure souligne combien l’IA peut modifier une équation et traiter instantanément des volumes de données considérables. « Un après-midi, avec un petit GPT, on réalise des tâches qui nécessitaient auparavant des semaines de travail » en rappelant que « la ressource la plus importante, c’est le temps des journaliste », ajoute Damien Brunon.
Lire aussi : Trois priorités pour renforcer la sécurité des données sensibles
L’IA profite aussi aux fake news
Parallèlement, cette prouesse technologique profite aussi aux producteurs de fake news. Fondateur de Bellingcat, Eliot Higgins, démontre comment « ces personnes utilisent des images manipulées pour activer les algorithmes et générer de l’engagement », créant des écosystèmes économiques de la manipulation.
La BBC Verify s’est spécialisée dans la vérification adaptée aux contenus généras par l’IA. Créée en 2023, son équipe rassemble plus de 60 enquêteurs spécialisés dans l’Open Source Intelligence (OSINT). «La frontière entre réel et artificiel devient extraordinairement difficile à tracer », admet Shayan Sardarizadeh, membre de BBC Verify.
