Le LRPPN, bien connu de la police nationale, est devenu comme un caillou dans la chaussure des policiers au moment de rédiger une procédure. « Obsolète », « bogué », les utilisateurs du Logiciel de rédaction des procédures de la police nationale (LRPPN) sont peu élogieux à l’égard de ce logiciel de qui semble avoir fait son temps. La preuve : cet outil date des années 90. Depuis 34 ans, il n’a eu de cesse de connaître des mises à jour. Mais aucune refonte du LRPPN n’est venue soulager les policiers.
Dirigé par Gaëlle James, le syndicat Synergie-Officiers a bien l’intention d’interpeller Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur. « L’exaspération gagne les rangs », explique Synergie à nos confrères du Figaro. L’outil est tellement ancien que des policiers sont obligés « d’ajouter certaines mentions à la main » concernant les nouveaux droits accordés aux suspects gardés à vue.
Selon les syndicats, ce logiciel, c’est un « naufrage administratif ». « On perd un temps fou avec ces lourdeurs procédurales. Du temps en moins dédié à notre cœur de métier : être sur le terrain, enquêter, interpeller les délinquants. Il est plus que temps que le ministère prenne la mesure du problème ! », demande Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière depuis 2018.
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Des avocats s’engouffrent dans cette brèche
Certaines sources expliquent aussi que les conséquences de travailler avec tel logiciel sont lourdes de conséquences. « Certains cabinets se sont fait une spécialité de l’examen pointilleux des procédures à la recherche du moindre défaut de forme lié au LRPPN. C’est devenu un sport national ! ». Résultats : plusieurs d’heures d’enquête sont réduites à néant, des délinquants sont relâchés sans poursuite.
Le locataire de la Place Beauvau a assuré qu’un nouveau logiciel pour remplacer le LRPPN était bien dans les cartons. Ce logiciel, baptisé LPJN (Logiciel de procédure judiciaire numérique », sera plus moderne, ergonomique et interopérable avec les autres outils numériques de la Justice.
Mais les policiers vont devoir s’armer de patience. En effet, selon le calendrier établi, ce projet ne devrait pas voir le jour avant 2027-2028, minimum. Soit trois ou quatre ans. C’est long.