Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé une réorganisation en profondeur de l’appareil sécuritaire. À l’instar de la DGSI pour le terrorisme ou de la DNPJ pour le narcotrafic, le renseignement territorial devient désormais le fer de lance de la lutte contre l’entrisme islamiste. Il aura pour mission de piloter la riposte face à une menace à la fois diffuse et insidieuse. Cette montée en responsabilité s’accompagne d’une autorité élargie pour coordonner les services impliqués, centraliser les informations et accélérer les réponses aux tentatives d’infiltration des institutions par des mouvements radicaux.
Un maillage fin du territoire
Avec plus de 3 000 agents répartis sur 255 sites en métropole et en Outre-mer, le renseignement territorial repose sur une connaissance intime du terrain. Chaque année, ce service produit plus de 130 000 notes à destination des autorités, couvrant un large spectre : mouvements contestataires, dérives identitaires, faits de société ou subversions violentes.
Une division spécialisée, dédiée à la surveillance du séparatisme, infiltre notamment les mosquées radicales. Les agents y assistent aux prêches et recrutent des informateurs pour documenter les dérives. Leurs observations, consignées dans des rapports circonstanciés, peuvent ensuite appuyer des procédures de fermeture administrative ou alimenter les dossiers transmis aux tribunaux.
Une coordination interservices renforcée
Cette réorganisation s’accompagne de la création d’une cellule interministérielle au sein des administrations centrales. Sa mission : fournir un état des lieux actualisé aux autorités publiques et assurer un pilotage transversal des actions engagées.
Le renseignement territorial collaborera étroitement avec les autres services de renseignement de l’État – DGSI, DGSE, DRM, DRSD, DNRED et Tracfin – pour garantir une réponse unifiée aux stratégies d’entrisme. Cette coordination vise à mieux détecter les signaux faibles et anticiper les dynamiques d’influence à l’œuvre dans certains réseaux.
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En plaçant le renseignement territorial au cœur du dispositif, le ministère de l’Intérieur franchit une étape stratégique. Ce recentrage donne à ce service un rôle moteur dans la détection, l’analyse et la neutralisation des tentatives d’infiltration idéologique, religieuse ou communautaire. Une façon, selon Bruno Retailleau, de « reprendre le contrôle » sur un terrain longtemps jugé trop fragmenté