L’intelligence artificielle bouleverse les modèles économiques, et avec elle, la gestion de l’emploi. Alors que certaines entreprises envisagent déjà de remplacer des postes par des outils automatisés, une question se pose : peut-on légalement licencier un salarié au motif que son poste est désormais occupé par une IA ? Le site Village de la Justice apporte un éclairage juridique détaillé sur cette problématique émergente.
Un licenciement économique… pas toujours illégal
En droit français, le licenciement pour motif économique peut être justifié par des mutations technologiques ou la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise, sans que des difficultés financières soient nécessaires. L’automatisation liée à l’IA, à l’image de l’informatisation dans les années 1990, entre donc potentiellement dans ce cadre. Plusieurs arrêts de la Cour de cassation ont déjà reconnu la validité de licenciements motivés par l’introduction de nouveaux logiciels ou procédés industriels.
Des cas concrets, une dynamique qui s’accélère
Des exemples concrets confirment cette tendance. En 2023, Onclusive France a supprimé plus de 200 postes en invoquant l’automatisation de tâches de veille médiatique. En 2024, la fintech Klarna a fait de même dans ses services marketing et client. Ces restructurations témoignent d’une accélération vers l’intégration massive de l’IA, mais elles posent aussi des questions de droit.
Car l’argument économique ne suffit pas : l’employeur doit démontrer qu’il a tenté de reclasser les salariés, qu’il a respecté son obligation de formation, et que l’évolution technologique ne pouvait être anticipée autrement. L’IA doit donc être intégrée dans une stratégie globale de gestion des compétences, et non servir de prétexte à des coupes rapides dans les effectifs.
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Alors que l’Union européenne vient d’adopter l’AI Act et que la France annonce la création d’un institut de supervision de l’intelligence artificielle, la vigilance s’impose. Les juges auront un rôle central pour éviter qu’une transformation technologique légitime ne devienne une brèche vers des licenciements abusifs. En somme, le droit social entre dans une zone de turbulences et l’IA ne saurait en être le seul pilote.