Riposter

22 février 2024 | Livres

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Riposter

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Interview l'Essor de la sécurité

Michaël Illouz, vous avez mis à jour votre ouvrage : « Riposter » édité chez Amphora. Pour gérer la confrontation, vous développez une théorie dite des 5 cercles de combat. Pouvez-vous nous la décrire en substance ?

En effet, ce concept a été développé par deux de mes « maîtres », Philippe Perotti et Alain Baeriswyl (fondateurs de l’école de tir NDS), et a sonné comme une évidence la première fois qu’il m’a été présenté. Il représente la confrontation et/ou le combat dans son ensemble : d’une part en termes de distance, d’autre part en termes d’outils.

Le premier cercle représente l’humain, en l’occurrence soi-même, autant d’un point de vue psychologique, intellectuel que physique. C’est la base essentielle de tous les autres cercles. Je dirais que c’est le fond avant la forme. Le deuxième cercle est celui des formes de combat à mains nues, pour se défendre physiquement. Ensuite, le troisième cercle est celui des combats avec les premières orthèses : historiquement, le couteau, mais cela peut également être un bâton, un couteau… Globalement, tous les objets contondants, perforants et coupants. Puis vient le quatrième cercle, celui des armes de poing (pistolet, revolver). Avant que les armes à feu n’apparaissent, il représentait un combat à l’épée. Enfin, le cinquième cercle est celui des armes dites « d’épaule » (fusils, carabines, etc.).

Dans le premier tome de Riposter, je parlais des deux premiers cercles, avec un développement du premier cercle évidemment plus important que celui de tous les autres, car sans lui, aucune forme ou technique ne peut fonctionner. Il m’a donc semblé nécessaire de replacer ce premier cercle de combat dans son ensemble, pour que le lecteur puisse l’appréhender avec toute son importance.

Comment appréhender les paramètres psychologiques dans une situation d’agression ?

Cette question est centrale et implique beaucoup de réponses, car malheureusement il n’y a pas de réponse générique à cette question. Les paramètres psychologiques sont propres à chacun, et impliquent des réactions stress/émotions différentes. Il y a malgré tout quelques éléments immuables à côté desquels on ne peut pas passer. Le premier point va consister à comprendre les enjeux de la situation d’agression afin d’anticiper au maximum pour devenir proactif dans la prise de décision. Cet élément va permettre de choisir quoi faire : éviter, négocier, fuir, combattre…  et ne pas juste subir. À cette étape on est totalement dans le premier cercle.

La deuxième étape implique une pratique honnête de ses autres cercles. Prenons par exemple le deuxième cercle : s’il faut riposter à mains nues, il va falloir maîtriser un panel technique fonctionnel. Mais comment vérifie-t-on cet aspect en salle sans se retrouver dans une situation réelle ?

Et bien c’est aussi ce qui est abordé dans mon ouvrage, par ce que j’appelle le « pouvoir faire ». Cette étape de travail consiste à vérifier une technique elle-même basée sur un cahier des charges précis et réaliste, en situation d’opposition et d’incertitude, pendant laquelle le partenaire devient un adversaire. À cette étape, on peut rapidement se rendre compte que ses certitudes techniques ne sont pas si évidentes.

En pratiquant de cette manière, on profite aussi de ces scénarios training pour habituer le cerveau aux difficultés physiologiques lié au stress notamment en termes de motricité et de « viscosité » mentale (le terme de « viscosité » est utilisé pour illustrer la difficulté du cerveau à prendre de décisions complexes sous stress).

Quelles sont les situations de confrontation les plus courantes ?

Les plus courantes sont celles qu’on peut éviter le plus facilement, à savoir les confrontations rituelles. On parle ici de violence dite « émotionnelles » souvent motivée par l’ego avec très peu de préméditation (confrontation au volant, dans les transports, dans un bar, etc.). Ce type de violences implique souvent une personne cherchant à dominer une autre, dont le levier psychologique n’a le plus souvent rien à avoir directement avec la situation elle-même. Ça ne veut pas dire que toutes répondent à ce critère uniquement émotionnel, mais pour celles-ci on se rend souvent compte après coup qu’elles se sont présentées et/ou aggravées en dehors de tout enjeu vital, et qu’elles auraient souvent pu être évitées en amont.

Comment définiriez-vous l’apport principal de votre ouvrage ?

Je dirais que mon nouvel ouvrage apporte une vision d’ensemble au travers d’une notice précise de ce qu’est une méthode de self défense. Je parle principalement de fond en donnant le cahier des charges de ce qui peut marcher en situation d’agression, et en expliquant scientifiquement pourquoi, mais aussi pourquoi pas.

Riposter propose également un peu de forme, mais je tiens à préciser qu’elle sert surtout à illustrer un ensemble, en poussant le lecteur à créer lui-même, au travers de sa propre identité, sa méthode, en étant honnête. L’ouvrage n’a pas pour ambition de favoriser une méthode à une autre, mais simplement à comprendre les enjeux de la confrontation, tant pour « monsieur-tout-le-monde » que pour le pratiquant chevronné, enseignant ou professionnel. Le lecteur y trouvera des cases à cocher, honnêtes, en fonction de ses ambitions, besoins et nécessités.

Les éditions Amphora

Michaël Illouz est un ancien instructeur spécialisé dans les services spéciaux, aujourd’hui expert en combat rapproché avec et sans armes. Il est désormais consultant dans les domaines de la sûreté, travaillant comme formateur au sein de sociétés militaires privées et de différentes entités étatiques, spécialisé en tir, en combat opérationnel et en prévention-gestion des risques dans les pays en crise. Riposter – Précis de self-défense est son 3e ouvrage publié aux Éditions Amphora et sera disponible à partir du 22 février 2024.

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