Plus de 90 000 policiers et gendarmes, ainsi que 5.000 militaires de l’opération Sentinelle, ont été mobilisés dimanche pour sécuriser le passage à la nouvelle année, dont 6.000 forces de l’ordre à Paris. 73 unités de forces mobiles dont quatre unités de la nouvelle CRS8 faisaient partie du dispositif, ainsi que des hélicoptères.
Pour le ministre de l’Intérieur, il s’agissait d’une mobilisation qui faisait figure de test sur la capacité à accueillir sans incident plusieurs centaines de milliers de spectateurs, en particulier sur les Champs-Élysées. Les questions sont donc :
– Ces deux évènements sont-ils vraiment comparables en termes de risques sécuritaires ?
– Un tel dispositif peut-il être maintenu pendant 18 jours (au moins) ?
– Le bilan, jugé satisfaisant par le ministre, multiplié par le nombre de journées des JO, serait-il alors jugé également “satisfaisant” ?
Pour rappel, le bilan officiel de la nuit de la Saint-Sylvestre en France est de 380 interpellations (un chiffre en baisse de 10 % par rapport à l’an dernier), et 745 véhicules brûlés (en baisse également de 10 %).
1) Les deux événements ne sont évidemment pas comparables !
Si la jauge des spectateurs (payants) admis sur les quais bas de la Seine à Paris pour assister à la cérémonie d’ouverture semble avoir été ramenée de 600.000 à 400.000, ce sont 16 millions de touristes qui sont attendus sur la période, sur 41 sites, répartis sur tout le territoire, départements ou territoires d’outre-mer compris ! Plus de 10.000 athlètes ! Plus de 200 délégations ! Des milliers d’hôtels !
D’un autre côté, pour les terroristes, les voleurs et les pickpockets, ce sera aussi un rendez-vous mondial…
2) Le dispositif sécuritaire va faire appel à des agents de sécurité privés.
On veut en recruter 25.000 mais il en manquerait encore le tiers à l’appel. Et les entreprises spécialisées indiquent que leurs clients fidèles leur demandent eux aussi des renforts… On veut maintenant recruter des étudiants pour les opérations de contrôle (en plus de tous les élèves des écoles de Police et de Gendarmerie…)… A ce jour, même en privant policiers et gendarmes de leur droits à congé et en limitant leurs périodes de repos, le compte n’y est toujours pas.
3) Le risque majeur est de nature terroriste.
Impossible de l’anticiper à 100%. Il sera aussi fonction de l’évolution de la situation internationale, actuellement si explosive.
Conclusion : le risque demeure très élevé. Le Président de la République a lui-même (sur France 5) évoqué un plan B (et même un plan C…).
Quatre milliards de personnes seront derrière leur écran de télévision ou d’ordinateur, pour assister à telle ou telle des 329 épreuves de ces Jeux.
Quand on organise la nuit des Césars, par exemple, on sait à l’avance que la soirée sera troublée par quelques intermittents du spectacle; quand on organise les JO à Paris, on peut s’attendre à la présence de fauteurs de troubles. Saura-t-on prévenir ? Et sinon, maîtriser ? Jamais les pouvoirs publics français n’avaient pris un tel risque.
