Alors que le monde est en proie à plusieurs guerres avec un contexte géopolitique tendu, chaque grand pays met en avant son service de renseignement. En raison de leurs missions, des budgets, des effectifs et du contexte juridique et politique, il est délicat de les comparer. Mais certains services, historiques, bénéficient d’un savoir-faire reconnu au-delà de leurs frontières.
1. Le FSB (Russie)
Depuis la fin de l’Empire soviétique (URSS), le Service Fédéral de Sécurité de la Fédération, plus simplement appelé FSB, s’occupe du renseignement russe. Le FSB est le digne héritier d’un savoir-faire depuis plus d’un siècle. Au même titre que ses prédécesseurs, à savoir GRU, OGPU, NKGB, MGB, MVD et le célèbre KGB, ce service de renseignement est considéré, par tous les observateurs, comme l’un des meilleurs au monde.
Grâce à des moyens, jugés comme « extraordinaires », la principale mission du FSB est d’assurer la souveraineté nationale et la protection du peuple russe, contre les menaces extérieures, et en particulier celles qui viennent de l’Occident.
Pour contrecarrer les opérations des services secrets américains (CIA) durant la Guerre Froide, les services secrets russes se sont exclusivement concentrés sur l’espionnage et le contre-espionnage. Après la dissolution de l’URSS, les activités du FSB ont été réduites à de la surveillance intérieure. Néanmoins, le FSB a continué de jouir d’une notoriété remarquable, notamment en raison de ses agents surentraînés. Pour rappel, l’actuel président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a intégré et dirigé le FSB entre 1998 et 1999.
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2. Le SIS (Royaume-Uni)
Aussi ancien que les services russes, le Secret Intelligence Service (SIS), également nommé sous le nom de Military Intelligence section 6 (MI6), est connu du monde entier, car il s’agit de la maison mère qui organise les missions de James Bond. Ses activités consistent à espionner et à assurer la protection du pays et de la famille royale. Si la vie de l’agent 007 est totalement dépendante de scripts et d’écriture de scénario sous influence hollywoodienne, le MI6 est très actif et réalise des opérations d’infiltration, et des opérations politiques et militaires partout dans le monde.
Grâce à une excellente communication, au cinéma et la littérature, le MI6 est considéré comme l’un des plus grands services secrets au monde. Mais dans les faits, ses capacités sont jugées comme inférieures par rapport à celles des grands pays comme les Etats-Unis, la Chine et la Russie. L’efficacité des services secrets britanniques est également le résultat d’une étroite collaboration avec la CIA et certains pays du Commonwealth (Nouvelle-Zélande, Canada, Australie).DGSE
Historiquement, la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) s’est construite sur les savoir-faire tirés des services de la France libre, lors de l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Aussi appelée « La Piscine », en raison de sa proximité avec la véritable piscine de Tourelles, « Mortiers » ou la « Boîte », la DGSE a évolué depuis sa création, en particulier au niveau technique. Situés dans le XXe arrondissement de Paris, les services secrets français compteraient environ 6 500 agents pour un budget qui avoisinerait un milliard d’euros d’ici 2030.
Même si elle assure encore une couverture mondiale, la DGSE n’a pas les mêmes moyens que les services secrets américains, russes ou chinois. « La DGSE est à mes yeux l’un des tout meilleurs services de renseignement dans le monde. Je considère qu’ils sont clairement dans le top 3 de nos partenaires. Leur expertise sur le contre-terrorisme et l’Afrique est sans équivalent. C’est aussi un service opérationnel, qui n’a pas peur du risque, et n’est pas paralysé par un excès de bureaucratie », expliquait l’ancienne directrice de la CIA (2018-2021) Gina Haspel en 2022.
L’un des principaux faits d’armes de la DGSE a été l’intervention militaire française au Mali, début 2013. Elle a été rendue possible grâce aux renseignements collectés par les agents des services secrets français sur Al-Qaida au Maghreb islamique depuis 2004.
3. Le BND (Allemagne)
Sous l’impulsion américaine, le Service fédéral de renseignement (BND ou Bundesnachrichtendienst) a été créé après la Seconde Guerre mondiale afin de surveiller l’URSS et l’Allemagne de l’Est (RDA). Durant la Guerre Froide, le BND était opposé à la Stasi (RDA).
Actuellement, le BND disposerait de six bureaux secondaires et d’environ 7 000 agents.
Le principal fait d’arme du BND est d’avoir averti les Américains durant la guerre des Six Jours. Pour rappel, début 1967, les Israéliens s’apprêtaient à frapper, dans le plus grand secret, leurs voisins libanais et égyptiens. La CIA n’avait rien détecté. Ce sont les services secrets allemands qui ont prévenu Lyndon Johnson de l’imminence de l’opération.