La place du chien dans l’histoire humaine est telle qu’il n’est pas étonnant que cela soit l’animal utilisé dans cet ouvrage, les singes, si proches, ont trop vocation à être des concurrents plus que des compagnons. Il n’est donc pas étonnant que dans notre réalité contemporaine la figure du chien se soit imposée comme un modèle de référence pour les robots en matière de sécurité privée.
À Singapour, aux États-Unis des chiens-robots sont déjà utilisés par des forces de sécurité pour surveiller, alerter sans pour autant disposer, encore, des capacités à intervenir. Il en est de même pour les équipements qui sont disponibles pour assister un vigile dans ses fonctions.
Il est certain que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère en matière de sécurité privée, celle de l’équipement actif et non plus simplement passif soit accompagnant un personnel humain soit télécommandé par ce dernier.
Les chiens robots, inspirés par leurs homologues biologiques, proposent aujourd’hui des équipements disposant d’une flexibilité mécanique leur permettant des mouvements de plus en plus sophistiqués. Ces machines avancées combinent la mobilité, la force et l’intelligence artificielle pour exécuter des tâches de surveillance et d’intervention avec une efficacité et une fiabilité inégalée. Les apports récents de l’Intelligence Artificielle permettent de doter ces machines de fonctionnalités alliant la réponse programmée à la réponse circonstanciée et adaptée.
Cette programmation leur permet de prendre des décisions en temps réel, d’analyser des situations complexes et d’exécuter des ordres spécifiques sans la fatigue ou les biais émotionnels qui pourraient affecter un agent de sécurité humain. Leur robustesse et leur capacité à fonctionner dans des conditions extrêmes les rendent particulièrement utiles pour des missions de surveillance dans des zones à haut risque ou difficilement accessibles.
Les équipements dont ils peuvent être équipés cherchent à imiter ou reproduire les capacités sensorielles de l’animal mais ils peuvent aussi être dotés de caméras haute résolution, de capteurs thermiques, et de microphones sensibles, ces robots peuvent naviguer dans divers environnements, repérant des anomalies et détectant des menaces potentielles avec une précision supérieure à celle de l’homme ou de l’animal.
Le recours à de tels équipements dans la sécurité privée est déjà amorcé tant les usages de ces chiens-robots peuvent être multiples que cela soit pour la surveillance de propriétés, la patrouille de périmètres, la reconnaissance dans des zones sinistrées ou dangereuses, et même l’assistance lors d’interventions d’urgence. Leur présence peut simplement jouer un effet de dissuasion et renforcer la sécurité dans des lieux publics tels que les centres commerciaux, les aéroports, et les événements de grande envergure, où ils peuvent être utilisés de manière autonome ou accompagner des agents de sécurité humains.
Intégrer des chiens-robots présente de nombreux avantages. Leur disponibilité n’est pas soumise à des horaires de travail.
Leur endurance – si leur conception est bonne – permet leur déploiement sur de longues périodes. Les moyens techniques dont ils sont dotés sont souvent plus performants et efficaces que leurs équivalents dont les personnels humains sont dotés, on parle de la vue, de l’ouïe, cela peut être aussi la rapidité en termes de mobilité et une certaine forme d’indifférence aux atteintes matérielles.
Ces avantages n’écartent pas pour autant les questions éthiques et juridiques qui peuvent oui qui pourront se poser dans le cadre de leur usage.
En France, aujourd’hui en matière de sécurité privée, de tels équipements sont utilisés dans des espaces privés et n’ont pas vocation à circuler sur la voie publique. Dès lors que leur fonctionnement est contrôlé par un personnel humain, la question de l’éthique quant à son usage est similaire à celle qui se pose pour l’usage d’une arme non létale, d’un moyen de coercition physique qui serait entre les mains d’un vigile ou d’un téléopérateur. Et si le chien-robot est doté d’une autonomie, son usage actuel est plus proche de l’aspirateur robot domestique ou des robots de nettoyage industriel qui suivent un tracé au sol pour lequel ils ont été programmés.
Si le robot de nettoyage industriel n’est pas rechargé ou tombe en panne, ou sort de son rail ou connait un court-circuit qui l’enflamme et bien sa panne ou les dégâts causés seront pris en charge par un SAV, un programmateur qui corrigera un « bug » ou une police d’assurance pour dédommager des dégâts occasionnés. À ce stade il en est de même pour le chien-robot.
Il est évident que la vision de Clifford D Simak est éloignée de la réalité d’un chien-robot à la réserve près, que l’usage de tels équipements est supposé participer à la sécurité et au bien-être des personnes et que la volonté affichée de doter progressivement de tels outils de fonctionnalités IA de plus en plus poussées n’est pas exempte d’une quête de zoomorphisme assumée.
Nous sommes dans un entre-deux. « Le vieux monde se meurt, le Nouveau Monde tarde à apparaitre, et, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres » professait A Gramsci. Cela est assurément vrai dans le domaine de la sécurité privée. La profession, ses techniques et ses outils sont dans une phase d’évolution qui part d’une approche strictement humaine à un futur qui demain, peut-être, ne sera qu’informatique et technologique.
On peut, au demeurant, ne pas souhaiter une telle perspective qui poserait des questions éthiques pour lesquelles nous n’avons pas encore de réponses claires.
Le chien-robot n’en est qu’à ses débuts. Mais la rapidité des progrès, surtout dans certains pays débridés de toutes contingences éthiques, laisse à penser que d’ici quelques mois ils auront encore progressé et nécessiteront, peut-être, un encadrement de leurs usages qui n’est pas encore de mise aujourd’hui.