Surveillance numérique : la France sous algorithmes étrangers

8 août 2025 | À la une

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Surveillance numérique : la France sous algorithmes étrangers

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L’attribution à une entreprise étrangère du marché de veille stratégique des réseaux sociaux provoque une onde de choc à l’Assemblée. Jusqu’ici confiée à la société française Visibrain, cette mission sensible reviendra, à la suite d’un appel d’offres du Service d’information du gouvernement (SIG), à une entreprise canadienne dont l’un des actionnaires est américain.

La surveillance stratégique des réseaux sociaux, jusqu’ici assurée par la société française Visibrain, vient d’être attribuée à une entreprise canadienne, dont un des actionnaires est américain. Une décision qui fait vivement réagir : soixante-six députés, toutes tendances confondues, ont adressé un courrier au Premier ministre François Bayrou, le 3 juillet, dénonçant un risque majeur pour la souveraineté numérique de la France.

Un changement de prestataire aux lourdes implications

Depuis 2017, la start-up française Visibrain surveillait les réseaux sociaux pour le compte de l’État, détectant en temps réel les signaux faibles, menaces sécuritaires et campagnes de désinformation. Cette mission couvrait des acteurs majeurs : police, gendarmerie, armée, justice, Quai d’Orsay, services de renseignement. Mais lors du renouvellement du marché public, c’est donc une entreprise étrangère qui a raflé la mise grâce à une offre cinq fois moins chère. Une décision guidée par la logique comptable. Mais à quel prix ?

La souveraineté face à la logique comptable

Pour les parlementaires signataires, le recours à une entreprise extra-européenne interroge en effet sur la capacité de l’État à maîtriser ses outils de surveillance à l’heure des ingérences numériques. Ils pointent le risque de voir transiter des données ultra-sensibles par des canaux échappant au contrôle français. D’autant que l’entreprise retenue ne dispose pas du même ancrage institutionnel que son prédécesseur, ni des garanties de stabilité économique à long terme.

Cybersécurité et désinformation : un risque stratégique à l’horizon

Alors que se profilent plusieurs échéances électorales, les députés redoutent une baisse de vigilance dans la lutte contre les manipulations informationnelles. La capacité à détecter et neutraliser de potentielles campagnes d’influence pourrait s’en trouver amoindrie. En filigrane, c’est la robustesse de l’écosystème numérique national qui est interrogée.

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Même la secrétaire d’État au Numérique, Clara Chappaz, n’a pas caché son désaccord en qualifiant la décision d’« inadmissible ». Elle y voit un contresens politique à l’heure où la France affiche ses ambitions en matière de souveraineté technologique et multiplie les initiatives pour renforcer son autonomie stratégique. C’est dans ce contexte – tendu – que les députés réclament la suspension du contrat et une réévaluation urgente de la procédure. Mieux vaut tard que jamais ?

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