Piratage de la campagne Macron en 2017 : la France accuse officiellement la Russie
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Piratage de la campagne Macron en 2017 : la France accuse officiellement la Russie

par | Cybersécurité, Intelligence économique

Huit ans après une opération numérique qui avait secoué la présidentielle française, Paris sort du silence. Pour la première fois, les autorités désignent un responsable, dans une déclaration qui marque un tournant diplomatique et sécuritaire à l’approche de nouveaux scrutins sensibles

C’est une première. Huit ans après les faits, la France a nommément désigné le coupable du piratage de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, en 2017. Dans une déclaration officielle diffusée sur X, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot pointe directement le renseignement militaire russe comme responsable de l’opération de déstabilisation.

Une opération d’influence bien rodée

Révélé à quelques heures du second tour de l’élection, le piratage avait pris la forme d’un déversement massif de documents internes d’En Marche ! sur des plateformes comme Pastebin et 4chan. Mails, notes, factures : environ 9 gigaoctets de données ont été publiés sous le pseudonyme « EMLEAKS ». Certaines informations étaient authentiques, d’autres manipulées. Une stratégie classique d’ « intox » destinée à semer le doute.
Le procédé, désormais bien connu des experts en cybersécurité, est attribué au groupe APT28, alias Fancy Bear, un collectif de hackers lié au GRU, le renseignement militaire russe. Les États-Unis les avaient déjà mis en cause pour avoir interféré dans la campagne de Donald Trump en 2016.

Une stratégie plus large que la présidentielle

L’ingérence ne s’est pas arrêtée là. Depuis 2021, une dizaine d’entités françaises – entreprises, collectivités, organisations – ont été visées par des cyberattaques similaires, selon le Quai d’Orsay. Même les Jeux Olympiques ont fait l’objet de tentatives d’infiltration. Le fil conducteur : perturber, manipuler, et attiser les tensions en exploitant les divisions internes pour affaiblir ses adversaires.

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L’accusation publique formulée par la France marque un tournant puisque les autorités s’étaient montrées prudentes jusqu’ici, évoquant des « tentatives d’ingérence » sans désigner de commanditaire. En pointant formellement la responsabilité du Kremlin, Paris aligne désormais sa position sur celle de ses alliés américains ou britanniques, plus offensifs sur le terrain de la cyberguerre. A l’approche de la campagne présidentielle de 2027, l’épisode des MacronLeaks en rappelle les enjeux, même si, en l’occurrence, ce dernier n’avait pas infléchi le cours du scrutin.

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